La période byzantine et l’émail
Ci dessus une œuvre majeure de l’époque Byzantine : Le Christ régnant sur l’univers avec la Vierge, l’Enfant et les saints, vers 1190, mosaïque, Cathédrale de Monreale, Sicile (Photo : atasteoftravel)
Explication rapidos du contexte de l’époque :
Nous sommes en 395. Théodose le Grand, Dernier empereur de l’Empire romain réunifié vient de mourir. Comme il avait deux fils : Arcadius , et Honorius, il partagea entre eux l’Empire : Honorius reçut l’Occident (Empire romain d’Occident ) et Arcadius l’Orient (Empire Romain d’Orient autrement appelé Empire Byzantin). C’est donc là que naît véritablement l’Empire Byzantin qui prendra un véritable essor notamment avec les conquête de Justinien contrairement à son homologue l’Empire Romain d’Occident qui part complètement en cacahuètes pour un bon paquet d’années à venir.
Concentrons-nous donc sur l’Empire Romain d’Orient, l’Empire Byzantin car c’est là que naîtra l’art dit byzantin (lui aussi quelle coïncidence!!). Fils de l’Empire Romain, les arts de l’Empire Byzantin sont fortement influencés par l’art romain, lui même influencé par l’art grecque. A partir de là, on peut se dire qu’ils vont pas réinventer la roue et continuer dans la lancée des maîtres. Que nenni ! Car on se rappelle qu’en 313, Constantin au travers de l’Édit de Milan accorde pour la première fois la liberté de cultes aux Chrétiens. Il se fera ensuite baptiser sur son lit de mort. Ce sera le début de la christianisation forte de l’Empire. Qui dit nouvelle religion, dit lieux de culte à construire et à décorer. Pour rompre avec les religions païennes, les Chrétiens abandonnent le culte des statues, réunis ses fidèles dans des lieux de culte capables de les accueillir tous et doit mettre un place un système pour parler au plus grand nombre (et ainsi les convertir, pas bêtes les mecs).
Plus de statue. Comment faire alors pour adorer cette nouvelle religion ? Ce nouveau culte ? Ce fut le pape Grégoire le Grand (vers 540-604) qui, ayant un peu réfléchi, se dit que les peintures pouvaient aider les nombreux membres de l’Église qui ne savaient ni lire ni écrire (et y’en avait un petit paquet) à comprendre la religion, à les instruire. Donc l’art byzantin avait un fort objectif d’enseignement. Un enseignement simple, clair, accessible au plus grand nombre. Les canons romains et grecs en vogue à l’époque furent donc modifiés pour ne retenir que l’essence même. C’est ainsi que naît l’art byzantin, un art religieux à vocation d’enseignement et de culte qui représente ses personnages de façons assez figées. « La manière dont les figures sont disposées vues strictement de face ferait presque penser à certains dessins d’enfants. » (Gombrich) Mais si la composition semble primitive, c’est pour garder la simplicité et la lisibilité. De ce canon artistique, la figure la plus connue est l’icône religieuse, toute dorée avec ses drapés qui se fait encore de nos jours en Russie notamment ou en Grèce. C’est dire si l’art byzantin a eu un impact fort même si on peut considérer la fin de la période byzantine au moment de la chute de Constantinople en 1453.
L’or est fortement utilisés dans l’art byzantin : les mosaïques et les peintures d’images saintes. Dans les pièce d’orfèvrerie, c’est même le seul métal utilisé. Tous comme les romains qui étaient friands de ce métal, les byzantins vont l’utiliser aussi pour sa symbolique. Qui dit or dit lumière, qui dit lumière dit lumière céleste qui irradie et éclaire (au sens propre comme au figuré) les pauvres êtres que nous sommes. De nombreuses pièces nous sont parvenus car l’Empire byzantin asseyait sa puissance notamment par des cadeaux, des bijoux offerts aux voisins de l’Empire pour acheter leur neutralité. C’est toujours plus sympa que de se prendre un glaive dans la tronche.
Et l’émail dans tout ça ?? (on y arrive !!)
On ne sait pas très bien l’origine de l’émail sur métal. (pour plus d’information, lire l’article sur l’origine de l’émail …en cours de construction). Les Égyptiens utilisaient déjà des proto-émaux (verres découpés et enchâssés à froid) mais l’émaillage à chaud (pose de l’émail puis cuisson) prend son essor à l’époque byzantine. La première vraie technique d’émail sur métal à chaud émerge : le Cloisonné. C’est la première technique qui est apparue au cours de l’histoire de l’émail.
Les byzantins utilisèrent énormément la technique du Cloisonné soit pour imiter les pierres précieuses, soit pour colorer les personnages saints des icônes. Elle consiste à poser des cloisons d’or ou d’argent sur une plaque métallique selon un dessin pré-établi. (Chez les byzantins, on ne trouve pas d’autres métaux que l’or comme support). Les cloisons délimitent ainsi des alvéoles qui sont ensuite remplies d’émail. Après cuisson, la superficie de la pièce est polie pour mettre les fils et l’émail au même niveau.
A l’époque, les émaux sont utilisés pour décorer l’orfèvrerie utilisée lors de la liturgie : calices, reliquaires (boîtes où sont conservées les reliques), livres à couverture métalliques, les images de cultes (icônes),… mais aussi pour la joaillerie décorative (couronnes, boucle d’oreille, …) La joaillerie byzantine utilise surtout l’or, hérité des techniques d’orfèvrerie romaine. C’est une joaillerie qui donne beaucoup d’importance aux pierres enchâssées. Les émaux sont aussi beaucoup utilisés puisqu’ils peuvent servir, par leur texture, à imiter des pierres précieuses.
Description de quelques pièces émaillées caractéristiques de la période byzantine :
LA PALA D’ORO
MEDAILLON DE SAINT GEORGES
MEDAILLON DE SAINT JEAN LE BAPTISTE
BOUCLE EMAILLEE AVEC SA PIQUE
ENCOLPION CLOISONNE
(Note : les photos proviennent des sites web des musées)
Sources : E.H. Gombrich, Histoire de l’art, édition Phaidon, wilipédia et mon cours d’histoire de l’art à la Llotja