Livre – Emaux du moyen-âge
« Emaux du Moyen-Age occidental, Marie-Madeleine GAUTHIER, aux éditions Office du Livre. » Edité en 1972, je ne crois pas qu’il existe d’autre édition de ce bouquin.
C’est un pavé, mais pas dans la mare, parce qu’il est vraiment très bien foutu. C’est un bouquin historique, donc n’allez pas y chercher des conseils pour faire de l’émail mais vous pourrez y admirer des pièces émaillées datant du 8ième jusqu’à l’aube de la Renaissance. Chaque pièce comprend une description complète et même si la majorité des pièces sont en noir et blanc, certaines photos sont en couleur (ben oui les zamis, 1972 finalement, ça fait quand même un paquet!).
C’est un bouquin dont se servait ma prof d’histoire de l’art et que j’ai aujourd’hui dans ma bibliothèque car c’est un travail très sérieux et poussé que Mme Gauthier a fait sur le monde quasi méconnu des émailleurs sur métal et sur leur travail.
Texte introductif du livre :
« L’émaillerie a constamment fleuri dans l’occident Chrétien de la fin du VIII ième siècle jusqu’à l’aube de la Renaissance. Les émaux, pierres précieuses modelées de main d’homme, translucides ou opaques, colorent les métaux et en exaltent les valeurs lumineuses. L’or puis le cuivre, enfin l’argent sont unis intimement par le feu à leur substance cristalline.
Pendant le haut moyen-âge, l’or d’abord, parcouru de minces cloisons soudées, offre aux émaux sont soutien. Les ateliers carolingiens, puis ceux de l’empire ottonien, de Trèves à Ratisbonne et à Milan, rivalisent jusqu’au XI ième siècle avec les modèles venus de Byzance.
L’Europe romane adopte le cuivre, métal aux reflets changeants, que l’on sculpte dans la masse, en taille d’épargne, en champlevé. Hardiesse et monumentalité caractérisent ainsi, dès l’abord du XII ième siècle, de Conques au Mans et à Silos en Castille, l’œuvre de Limoges. En pays de Meuse et en Rhénanie, les foyers septentrionaux, à Huy, à Maastricht, à Cologne et à Hildesheim, la sagesse des théologiens et la méditation des mystiques concentrent en des compositions subtiles toutes les harmonies d’une riche palette. Les rois et les abbés, Louis VII avec l’aide de Suger, les Plantagenêts, les Guelfes, rivalisent en ornant trésors monastiques et panthéons dynastiques d’émaux exécutés par des émailleurs venus de partout sur les chantiers de Saint Denis, de Bury Saint Edmunds, de Cologne, Godefroy de Huy, Nicolas de Verdun, Eilbertus de Cologne, et G. Alpais de Limoges parcouraient ainsi l’Europe.
Tantôt jalousement préservés jusqu’à nos jours dans les trésors des abbayes et des cathédrales, tantôt démembrés, martelés, vendu, les émaux connaissent un nouveau destin. De grandioses monuments sont accessibles aux pèlerins, comme le frontal de Saint-Michel-de-Excelsis (Espagne) ou l’ambon de Nicolas de Verdun à Klosterneubourg 5autriche) ou encore le reliquaire du Corporale de Bolsena à Orvieto. Les tombeaux des enfants de Saint Louis sont à Saint Denis, la Royal Gold Cup au British Museum. Les reliquaires mosans de la Vraie Croix furent acquis par des amateurs romantiques, dont le prince Soltykoff, et se trouvent aujourd’hui dans les grands musées en Europe et aux Etats-Unis. Des cabinets d’amateurs parisiens, vénitiens ou suisses, aux musées nationaux ou universitaires, de chantiers de fouilles et de presbytères en vente publique, les émaux ont émigré, parfois brutalisés, plus souvent caressés ou contemplés. »